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D’où vient l’anneau autour du cou du huard
Il était une fois un vieil homme aveugle. Sa femme l’aidait à rester en vie. Dès qu’elle voyait du gibier, elle donnait sa flèche à l’homme pour qu’il en humidifie la pointe avec sa salive, car ce vieil homme possédait des pouvoirs magiques. Elle pointait ensuite la flèche en direction du gibier et laissait l’homme la tirer lui-même, il le faisait généralement avec grand succès. Un jour, ils tombèrent sur un caribou bien en chair.
La femme dit à son mari, « humidifie la flèche avec ta salive », ce qu’il fit. Il tua l’animal. Sa femme, qui convoitait le gras du caribou et qui en avait assez de vivre avec un homme aveugle le poussa, le jetant ainsi par terre, tout en disant « ce vieux bougre, quel mauvais compagnon il fait! » le vieil homme rétorqua, « mais je crois que je l’ai tué ». Mais comme il était aveugle, il n’arrivait pas à trouver le caribou, et en le cherchant, il s’éloigna considérablement de sa femme qui l’avait maintenant abandonné.
Dès que le vieil homme fut hors de sa vue, elle commença à débiter l’animal tout en faisant frire de grandes tranches de viande qu’elle mangeait. Ce qu’elle ne mangeait pas sur place, elle le coupait en tranches fines et le mettait à sécher.
Entre-temps, le vieil home déplorait son infortune. Alors qu’il errait sans but, il atteignit la rive d’un lac. Un huard entendit ses pleurs et nagea vers lui, comme ses pairs ont l’habitude de le faire, même encore aujourd’hui quand ils entendent quelqu’un parler dans la forêt. « Qu’est-ce qui vous accable? » demanda-t-il à l’homme.
« Pauvre bougre que je suis, ma femme m’a quitté et je suis aveugle », répondit l’homme.
« Je vais vous guérir, dit le huard, venez au-dessus de moi et cachez vos yeux dans le duvet de ma nuque ». Le vieil homme obéit, alors le huard et lui plongèrent dans l’eau. Lorsqu’ils refirent surface, ils étaient de l’autre coté du lac. « Pouvez-vous voir maintenant?, dit le huard d’une voix tremblante, tout en ajoutant, regardez vers la montagne là-bas ». Le vieil homme répondit « je vois un peu, comme au travers d’un brouillard ».
« Répétons l’opération », dit le huard. Encore une fois, ils plongèrent ensemble et émergèrent cette fois à leur point de départ initial. « Maintenant, pouvez-vous voir? », demanda le huard.
Le vieil homme, pataugeant vers le rivage, répondit « je vois très bien à présent ». Pour exprimer sa gratitude envers son bienfaiteur, il lui présenta son propre collier de coquillages dentalium, et il prit d’autres coquillages dentalium dans son carquois et les lui lança. Depuis ce jour, le huard porte un collier blanc et les coquillages qui l’ont touché ont créé les taches blanches qu’on voit maintenant sur ses ailes.
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